Un composant du pétrole est directement associé aux dysfonctionnements électriques du cœur, pouvant conduire à une mort subite.
Une étude menée par des chercheurs des universités de Stanford, Manchester et du National Oceanic and Atmospheric Administration et publiée ce jour dans Nature Scientific Reports décrit un nouveau mécanisme mettant en évidence les dysfonctionnements électriques cardiaques induits par la pollution.
Cette étude approfondit les résultats d’une première étude lancée suite en particulier à l’explosion de la plateforme de forage Deepwater Horizon en 2010 dans le Golfe du Mexique ; il avait alors été montré que les poissons exposés à ce déversement de pétrole présentaient des anomalies du développement, conduisant les chercheurs à examiner de plus près les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Un élément en particulier a ainsi été identifié comme délétère pour le cœur de poissons : par son effet direct sur un canal potassique, le phénanthrène induit un allongement du potentiel d’action, entrainant un risque de mort subite.
Fabien Brette, auteur de cet article, est aujourd’hui chercheur Inserm et chef d’équipe électrophysiologie cellulaire à l’Institut de rythmologie et modélisation cardiaque (Liryc) à Bordeaux. Avec Caroline Cros, co-auteur et aujourd’hui post-doctorante à l’IHU Liryc, Fabien Brette souhaiterait aller plus loin, et observer ces résultats sur cœur humain. En effet, après avoir observé sur une cellule cardiaque de poisson, l’effet de ce phénanthrène, à savoir l’augmentation de la durée du potentiel d’action en moins d’une minute, il reste à étendre l’étude sur un cœur entier, puis sur l’homme.
L’IHU Liryc travaille sur un programme de recherche sur cœur humain, le programme Cadence (fibrillation cardiaque et dyssynchronie électrique du cœur), rendu possible grâce au don d’organes pour la recherche. Ce programme, qui est l’essence même du Liryc de par son approche multidisciplinaire réunissant des expertises en recherche fondamentale et clinique, propose une approche intégrative, de la molécule à l’homme. Les perspectives de progrès pour la compréhension de ces dysfonctionnements électriques mortels sont considérables.